Pourquoi faut-il lire « Un hosanna sans fin » de Jean D’Ormesson ?

« Je me dois d’indiquer à mes lecteurs et à mes lectrices que Dieu, la nécessité, le hasard ou l’hérédité m’ont refusé le don de la foi (…). J’ai remplacé la foi par l’espérance. (…) Si espérer qu’il existe c’est déjà croire à Dieu, alors, oui, je crois à Dieu. » – Un hosanna sans fin (UHSF)

C’est l’ultime œuvre de l’auteur dans la réalité qui est la nôtre. Il débute son livre ainsi : « Grâce à Dieu, je vais mourir. » cette première phrase pose le thème du livre et sa couleur. Il va traiter de l’existence et de la mort mais avec un sourire solaire qui ne quittera pas le lecteur. Au fil des pages, les questions se posent, sans réponses. C’est certainement le plus beau des testaments, celui qui nous fait oublier la peur de la mort en la rendant belle grâce aux mots.

« Nous ne sommes ni des dieux, ni des demi-dieux. Nous sommes des primates qui ont reçu – par quel miracle ?… – un don qui laisse pantois, ils pensent. » – UHSF

Un hosanna sans fin, c’est un peu comme un petit garçon qui regarderait un chêne centenaire. Lui, ne voit que le tronc, ne sent que les racines sous ses pieds, ne peut pas lever la tête bien haut. Sauf qu’il aimerait voir l’arbre dans sa globalité. Chaque lecteur est cet enfant. On regarde l’arbre de l’humanité en voulant comprendre mais nous sommes trop petits. Ce sont les mots de l’imaginaire, la pensée créatrice, qui nous soulagent de cette frustration.

Jean D’Ormesson nous offre cela, comme un dernier cadeau. Il nous fait voyager à travers le big-bang, nous heurte au mur de Planck, nous fait rencontrer les plus grands génies humains pour finalement nous dire que « vivre a ses limites« , si grandes soient-elle, si floues soient-elles. Pour autant, s’il faut bien mourir, puisque nous vivons, notre existence reste belle quoiqu’il advienne. Pourquoi ? Car la pensée de l’Homme a permis une deuxième création du monde.

« À la question : « Mais qu’y aura-t-il après la pensée et les hommes ? », la réponse est : « autre chose. » » – UHSF

Ce livre est l’apothéose de la création optimiste. Cet hosanna sans fin représente toutes les stupeurs qui ont traversé et formé les humains. Une existence qui pourrait être perçue comme une passion flamboyante nous menant vers l’inconnu. Un hosanna sans fin, c’est aussi la promesse de l’aube, le lendemain glorieux, quelque chose qui maintient le souffle de notre vie : le savoir, la croyance, le futur. Même si la mort est peut-être notre plus belle fuite, nous continuons à vouloir la comprendre pour nous émanciper de sa menace. De là viennent tous nos divertissements, nos poursuites du progrès, notre volonté de trouver un sens à l’histoire.

« Mais c’est quoi la vie ? Vous le savez bien, vous qui vivez : c’est la mort. » – UHSF

Alors, pourquoi lire Un hosanna sans fin ? Car il nous pousse à ne pas abandonner, il nous donne du courage et nous soulage de nos questions retorses : Pourquoi sommes-nous là ? Nous reste-t-il du temps ? Car la seule chose que nous savons, c’est que nous ne savons rien ; cependant nous pourrons toujours croire jusqu’à notre dernier souffle, notre dernière stupeur, notre dernier mot. Car c’est simple, pas simpliste. Brillant, pas clinquant.

« On entend dans les funérailles que des cris d’étonnement de ce que ce mortel est mort. » – Citation tirée du Sermont des Morts de Bossuet, présente dans Un hosanna sans fin.

Marthe Chalard-Malgorn

 

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