7 jours dans la vie d’une femme : des alternatives aux protections périodiques industrielles sont possibles

De sa puberté jusqu’à sa ménopause, une femme a 520 fois ses règles, soit 13 fois par an. À l’échelle quotidienne, ce ne sont pas moins de 1447 protections périodiques utilisées par les femmes du monde entier. Au moment où je rédige cet article, ce sont déjà 24 174 200 000 protections qui sont en train d’être jetées dans l’environnement. Ces chiffres illustrent à quel point l’industrie des protections menstruelles est toxique. L’objectif n’est pas de blâmer la femme, seulement, des alternatives écologiques et pratiques existent pour réduire l’impact des protections jetables. Discrimination économique, risques, et possibilité de changer ses réflexes en s’informant et en déconstruisant les a priori concernant les protections alternatives.

Les protections «  industrielles », un marché juteux

Contrairement à la TVA de 5.5% appliquée à des produits de première nécessité comme l’eau ou les préservatifs, les protections menstruelles se voient appliquées une taxe de 10%. La « taxe tampon » ou la « taxation rose » est la même que celle d’un produit de luxe sauf qu’elle ne s’applique que sur des produits consommés par une majorité de femmes. Depuis le 21 novembre 2016, le sénat a voté pour une seconde lecture de la taxation rose afin de l’abaisser à 5.5%. Cette décision allait à l’encontre de celle de l’assemblée nationale qui, à l’époque, voulait garder la taxe de luxe sur des produits dont chaque femme a besoin. Rappelons qu’une boîte de tampons coûte en moyenne 4 à 5 euros. De ce fait, une femme en situation précaire ou sans domicile fixe, ne pourra pas dépenser autant dans des protections périodiques, lorsqu’elle a à peine de quoi se nourrir. Dans de telles situations, ces femmes doivent laisser couler, littéralement. Elles trouvent des astuces : vieux journaux ou chaussettes usagées en guise de serviettes hygiéniques. Pour éviter cela, l’État a proposé de rendre l’accession aux protections hygiéniques gratuite pour un certain nombre de femmes. Ce projet leur garantit la dignité et évite tout risque sanitaire. Le parlement écossais a entamé un contrat avec l’ONG FareShare, d’une ampleur de 500 000 livres sterlings, afin de permettre la distribution de serviettes, tampons, etc., dans les grandes villes comme Aberdeen, Dundee, Glasgow et Edimburg, à partir de cet été. C’est un véritable exemple de politique européenne.

Course à l’absorption et « empoisonnement par le bas »

En effet, le lobbying européen n’oblige pas les producteurs de protections périodiques «  industrielles » à afficher la composition de leur produit sur les boîtes. Depuis les polémiques qui ont agité les réseaux sociaux l’année dernière, certains producteurs ont décidé de lever le voile sur les matériaux composant les tampons et autres serviettes. Cependant, beaucoup de femmes n’ont pas conscience des potentiels risques liés à la composition de leurs protections hygiéniques. Selon le site Consoglobe, le marché des protections périodiques a lancé une course folle à la matière la plus absorbante sans se soucier des conséquences sur les parois vaginales. Les cristaux de polyacrylate constituent le matériau le plus souvent employé dans la confection des serviettes. Il est aussi présent dans les couches pour bébé et incontinents, lingettes, sachets anti-humidité, etc. Ce matériau peut absorber jusqu’à 8 fois son poids à partir du moment où il transforme la muqueuse relâchée en gel. Les tampons, eux, sont composés d’un mélange de coton, dont la culture est aspergée de pesticides, alié à de la viscose, soit une matière créée à partir d’une pâte provenant de la cellulose des arbres. On trouve dans les protections périodiques des résidus d’aluminium, d’alcool, d’additifs de parfum très irritant pour les parois vaginales, des hydrocarbures et des pesticides, bien évidemment. Cerise sur le gâteau : le processus de blanchiment, visant à donner un aspect pure et propre, laisse des traces de dioxine. La même dioxine qui se forme lors de la combustion d’énergies fossiles. Les conséquences de ce cocktail Molotov sont : des risques d’endométriose, de dysfonctionnement ovarien menant à la stérilité, les cancers, des abrasions liées aux fibres des tampons pouvant remonter jusque dans les trompes de Fallope et des chocs toxiques.

Qu’est-ce que le choc toxique ?

Il touche particulièrement les femmes, menstruées, de moins de 30 ans qui utilisent le plus souvent des tampons lors de leur semaine de règle. Une bactérie appelée Staphylococcus Aureus diffuse des toxines dans le sang. Seules les femmes qui cumulent la globalité des symptômes ont été diagnostiquées d’un choc toxique. Pour autant, certaines n’ont que quelques uns des symptômes sans le savoir. Quels sont-ils ?

  • Une fièvre soudaine et supérieure à 39°C.
  • Une baisse impromptue de la pression artérielle provoquant un état de choc plus ou moins faible.
  • Des étourdissements et des sensations de malaise.
  • Des diarrhées et des nausées ainsi que de légers vomissements.
  • Des éruptions cutanées semblables à des coups de soleil dans les paumes des mains et la plante des pieds qui, ensuite, en viennent à peler.
  •  Des maux de tête et une sensation de désorientation
  •  Une douleur généralisée.

Cela est lié au fait que les tampons absorbent non seulement le sang des règles mais aussi les sécrétions vaginale qui assure une flore pérenne. Sans elle, le vagin devient vulnérable et sujet aux chocs toxiques, aux irritations, mycoses, sécheresse vaginales entraînant des douleurs durant les rapports. Selon Consoglobe, toujours, il y aurait 8 millions de femmes souffrant d’irritations vaginales en France en 2018.

Des alternatives pas aussi chères et compliquées qu’on pourrait le penser existent :

  •  Les tampons en coton bio dont la production est contrôlée et labélisé :

Il existe des tampons vendus sur des sites internets (ex : DansMaCulotte, lien en fin d’article) qui proposent des protections hygiéniques beaucoup moins chères que celles des grandes marques telles que Ob, Tampax, etc., ces tampons ne sont pas blanchis au chlore et sont biodégradables. Pour autant, ils conservent une capacité d’absorption similaire aux tampons « industriels ». Le coton employé pour produire ces tampons est certifié GOTS. Le label GOTS signifie Global Organic Textile Standard, il vise a contrôler tout le processus de production : la fibre brute est certifiée bio (95% pour les textiles biologiques et 70% pour les textiles à base de fibre biologique) et le processus de production, lui, est respectueux des critères sociaux et environnementaux.

Quels sont les critères précis à remplir pour obtenir le GOTS ? La traçabilité et l’intégrité du matériau, le respect de l’environnement, la santé du consommateur et les critères sociaux.

  • Les serviettes lavables :

Elles, aussi, sont certifiées GOTS (toujours sur le site DansMaCulotte). De plus, elles bénéficient de la certification Oeko Tex 100 qui est un système de vérification sanitaire des produits, à l’échelle mondiale. Elles sont transportables partout puisqu’elles sont munies d‘un dispositif de boutons pressions visant à replier proprement la protection après utilisation. L’avantage de ce dispositif est l’économie d’argent car elles ont la garantie de tenir, au minimum, 200 lavages. Petit plus, une palette de graphismes est disponible, ce qui rend le produit personnalisable. La serviette lavable va à l’encontre de cette logique toxique du jetable et reste peu  « effrayante » pour celles qui ne sont pas encore prêtes à sauter le pas de la cup.

  • La cup :

En 1933, le canadien Lester. J. Goddard obtient le brevet pour le « réceptacle vaginal ». Puis, Leona Chalmers brevette le design en 1937. Celui-ci n’a pas tout de suite fait un carton car au début de l’industrialisation, le jetable était à la mode et signe d’opulence pour la majorité des Américains. La première cup à être commercialisée est la Daintette Daindy maid Inc dans le Connecticut. La cup est considérée comme trop lourde et trop dure à porter. Par ailleurs, elle est socialement mal perçue puisqu’elle est synonyme de masturbation féminine. Aujourd’hui, la composition est très contrôlée et l’utilisation, plus simple. En la pliant en deux, la cup a le même diamètre qu’un tampon basique. Une fois introduite, elle se colle aux parois du vagin afin de réceptionner les résidus de muqueuse. Pour ne pas avoir trop de difficultés dans les lieux publics, il suffit d’emmener une bouteille d’eau dans son sac afin de la nettoyer discrètement. Elles existent en plusieurs formes et plusieurs tailles, en fonction des femmes et de leur flux. La plupart des cups sont valables 10 ans voire plus. Grâce à elles, l’impact écologique et économique est considérablement abaissé.

  • Le flux contrôlé :

C’est une mouvance qui a débuté aux EU. Cela consiste à retenir ses règles de la même manière que l’urine. Il suffirait de contracter son périnée suffisamment longtemps pour ensuite le décontracter au moment souhaité. Cette technique serait, pour certain.e.s, le nec plus ultra de l’écoute de son corps et de sa « féminité ». l’idéologie du FFI (free flow instinct) vise à percevoir les femmes utilisant des protections comme des individus non autonomes, soumises à l’industrie des protections menstruelles. Le site Topsanté a interrogé le docteur Jamin. Selon lui, il y a plusieurs hypothèses concernant la viabilité du FFI : « La moins crédible mais qui est toujours possible c’est que, par des méthodes de type yoga ou autre, les femmes arrivent à contracter de manière volontaire leur utérus, pour éviter l’écoulement du sang à partir de l’utérus. Car s’il ne peut pas s’écouler le col de l’utérus, ça veut dire qu’il s’écoule par les trompes. Et ça, ça peut donner des infections pelviennes et probablement une endométriose, qui peut être une maladie grave. La deuxième hypothèse c’est que ces femmes ne contrôlent pas leur utérus mais leur plancher pelvien, c’est-à-dire la sortie du vagin, et qu’elles empêchent le sang de sortir au niveau de la vulve. Là, le sang s’écoule bien à partir de l’utérus et resterait dans le vagin. Si elles font cela pendant deux heures a priori ça ne devrait pas poser de problèmes, à condition qu’elles n’aient pas des règles trop abondantes. » Que faut-il en penser ? D’un côté, certaines femmes voient cela comme arrêter de faire pipi au lit et, dans ce sens, le FFI rendrait la femme plus autonome voire plus adulte. Cependant, il ne faut pas voir cette alternative comme supérieure à toutes les autres. Certaines femmes, au flux plus abondant que d’autres, ne parviennent pas à le contrôler. D’autres ne sentent pas leur flux couler et n’ont aucune douleur pour les prévenir. C’est une alternative comme une autre.

  • L’éponge :

Elle est un peu comme le couteau suisse des protections menstruelles alternatives. L’éponge permet à la fois d’absorber les flux menstruels, à la fois d’empêcher une fécondation lors des rapports sexuels. Avant la première utilisation, il faut la désinfecter avec quelques gouttes d’huiles essentielles et de l’eau claire pour ensuite la faire sécher à l’air libre. En fonction de l’abondance des flux menstruels, l’éponge peur être gardée entre 4 et 5 heures. Après chaque utilisation, il faut la laver à l’eau froide pour ne pas cuire le sang. Elle permet également les rapports sexuels durant les règles. Sa capacité d’absorption empêche toutes tâches. A la fin de chaque règle, il faut la nettoyer et la désinfecter pour prévenir la prochaine utilisation. En tant que contraceptif, l’éponge rincée d’eau citronnée empêche la survie des spermatozoïdes de par son acidité. Cependant, il est nécessaire de la garder 4 heure à après chaque rapport pour garantir une non fécondation. Elle ne protège pas des IST mais elle n’assèche pas ni ne blesse les parois vaginales.

Il est donc nécessaire de connaître les risques et l’enjeu environnemental des protections hygiéniques jetables aujourd’hui. Pourquoi changer ses habitudes ? Parce qu’ à long terme, c’est un gain d’argent. Parce qu’on ne mesure pas encore, complètement, les dangers que peuvent avoir ces si petits objets en contact avec notre vagin 7jours/7, 24heure/24. Parce que le jetable n’a plus d’avenir. Parce qu’il y a d’autres options que les protections « industrielles » et que les femmes ont le choix. Parce que c’est facile. Changeons les règles du jeu.

Marthe Chalard-Malgorn

Vous êtes convaincues ? Génial ! Voici le site : https://dansmaculotte.com/fr/

https://www.topsante.com/medecine/gyneco/regles-douloureuses/la-taxe-sur-les-tampons-hygieniques-ne-change-pas-607181

https://www.cosmopolitan.fr/,les-protections-hygieniques-bientot-gratuites,1971076.asp

https://www.bfmtv.com/international/l-ecosse-va-fournir-des-protections-hygieniques-gratuites-aux-personnes-precaires-1459940.html

http://menstrualcup.co/fr/invention-de-la-coupe-menstruelle/

https://www.topsante.com/medecine/gyneco/regles-douloureuses/regles-le-flux-instinctif-libre-liberte-et-controle-ou-contrainte-dangereuse-251373

https://ecoloauquotidien.wordpress.com/2015/07/02/le-free-flow-instinct-une-vie-sans-tampon-serviette-ou-moon-cup/

http://www.ecocert.com/global-organic-textile-standard-gots/

http://www.eponge-menstruelle.fr/

http://menstrualcup.co/fr/eponges-menstruelles-alternative-ecologique-aux-tampons/

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