Europavox : « raconter l’Europe de la musique » – Interview de François Missonier

Alors que l’euroscepticisme galope sur notre continent, il est de ces événements nous remémorant que l’Union Européenne ne se résume pas qu’à une affaire de politiques budgétaires et de gros sous. L’Europavox, c’est une volonté de ceux qui croient en une culture européenne et notamment musicale, loin des polémiques, plus proche des gens et de leurs préoccupations ; danser la musique, célébrer les jours chauds à Clermont Ferrand de ce jeudi 28 juin au dimanche 1er juillet.

A l’occasion d’une édition spéciale, la rédaction du Halo Magazine prend part a cette manifestation et cela commence dès aujourd’hui par l’interview de François Missonier, directeur du festival.

Le Halo Magazine : Tout d’abord, comment présenteriez-vous le festival Europavox en quelques mots?

François Missonier : Le festival est né en 2006, dans la suite du référendum en France sur la constitution européenne et j’avais constaté à l’époque que, si le débat était passionné et parfois passionnant, certains thèmes comme la culture étaient complètement absents et une partie de la population oubliée : la jeunesse. Avec Europavox, l’ambition, un peu folle, était de raconter une Europe vivante et énergique, l’Europe de la musique : c’est ainsi que le festival, chaque année, présente une cinquantaine d’artistes de plus de 20 nationalités, et de tous styles musicaux (pop, rock, chanson, électro, rap, etc.).

LHM : Est-ce plus difficile, dans notre contexte actuel, de mettre en place ce type d’événement ? D’un point de vue économique et sécuritaire?

F.M. : Oui, les problématiques économiques des festivals sont très complexes aujourd’hui. Proposer un beau festival de qualité coûte de plus en plus cher du fait de l’augmentation des cachets et des coûts sécuritaires. Ça peut devenir un casse-tête quand on souhaite maintenir un prix de billet modéré pour accueillir tous les publics, y compris les moins favorisés. L’importance du soutien des partenaires publics, principalement locaux, devient alors fondamental.

LHM : Les spectateurs et les artistes répondent-ils toujours autant présent?

F.M. : Oui, la fréquentation du festival n’a pas fait qu’augmenter depuis le début, pour atteindre aujourd’hui de 30 à 40 000 spectateurs par édition. Côté artistes, Europavox est aujourd’hui connu et reconnu à l’échelle du continent et les agents d’artistes sont très demandeurs de venir jouer chez nous – c’est d’ailleurs même frustrant de ne pouvoir en accueillir plus…

LHM : En ce sens, comment ces derniers sont-ils sélectionnés chaque année?

F.M. : Une des grandes originalités d’Europavox, c’est justement son mode de programmation. Nous avons près de 50 partenaires programmateurs partout en Europe qui nous proposent tout au long de l’année les projets artistiques les plus intéressants et excitants de leur territoire. Nous écoutons tous les groupes proposés et bâtissons notre programmation parmi ceux-ci.

LHM : Les « têtes d’affiches » figurent parmi les meilleures ventes chez les jeunes, c’est votre cœur de cible?

F. M. : Concernant les têtes d’affiches, entre Jain, Etienne Daho et Orelsan, on peut dire que toutes les générations sont concernées.

LHM : Selon vous, qu’est-ce qui vous différencie des autres festivals en France?

F.M. : Le propos, la méthode de programmation, collaborative à l’échelle d’un continent, et les propositions en dehors des concerts (tel que Europafood, etc.).

LHM : Vous dirigiez également Rock en Seine, pour qu’un festival perdure, c’est quoi la recette ? Le renouvellement ?

F.M. : Le secret de la longévité, c’est en effet ne jamais se reposer sur ses lauriers, toujours savoir évoluer tout en respectant son identité et son projet de départ.

LHM : On le rappelle, cela fait plus de 10 ans que vous dirigez ce festival, pouvez-vous nous révéler certaines anecdotes amusantes ou marquantes ?

F.M. : Beaucoup d’artistes européens ont donné leur premier concert en France à Europavox – quand Agnès Obel est venue jouer chez nous la première fois, elle est venue en voiture de Berlin et avait oublié son permis. Arrêtée par la police pour un simple contrôle, elle a joué une petite chanson pour prouver sa bonne foi.

LHM : Un mot de la fin?

F.M. : Merci, grazie, danke, gracias, thank you, efcharisto poli.

Benjamin Haran

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