5 questions pour comprendre le Black Bloc

Depuis la manifestation parisienne du 1er mai on entend parler d’eux dans tous les médias : les Black Blocs. Accusés d’avoir fait dégénérer le rassemblement traditionnel de la fête du travail, ils subissent des attaques aussi bien de la part de la majorité présidentielle que des partis de gauche. Mais que se cache-t-il réellement derrière ces termes ?

Le Black Bloc, qu’est-ce que c’est ?

Le nom Black Bloc ne désigne pas un mouvement ou un courant particulier au sein de l’ultra gauche. Le Black Bloc est une tactique, un type d’action collective utilisé par des militants à certaines occasions comme les manifestations. Le Black Bloc regroupe des individus tous vêtus de noir et masqués. Cela permet d’exprimer une certaine radicalité et offre également des possibilités d’action directe en rendant le travail d’identification de la police plus compliqué en anonymisant les personnes présentes. Le Black Bloc n’existe donc que ponctuellement, rassemblant des individus de différents groupes d’affinités qui se reconnaissent de part leurs vêtements.

Depuis quand ça existe ?

Les premiers Black Blocs se sont formés à Berlin-Ouest lors de l’hiver 1980. La police avait alors décidée d’évacuer des squats occupés par des autonomes. Ces derniers ont décidés de résister et ont affronté la police lors de violents combats de rue. Cette technique a ensuite été reprise par les militants autonomes et s’est diffusée à travers le monde via des mouvements de contestation radicaux. Les Black Blocs se forment souvent lors d’événements internationaux comme à Seattle en 1999 à l’occasion d’un sommet de l’OMC ou à Gènes en 2001 lors des émeutes anti G8.

Qui est présent dans les Black Blocs ?

De manière générale on y trouve plutôt des personnes jeunes, des étudiants ou de jeunes travailleurs, ayant déjà une expérience militantes. Contrairement à une idée reçue, les femmes ne sont pas absentes des Black Blocs, bien au contraire. Le chercheur François Dupuis-Déri estime qu’elles composent en moyenne 40% des effectifs des Black Blocs. Suite aux manifestations du 1er Mai à Paris, un tiers des personnes placées en garde-à-vue étaient des femmes. On notait aussi la présence d’une vingtaine de mineurs parmi la centaine de gardés-à-vue. En plus de profils socio-économiques très variés, il existe également une diversité idéologique au sein des Black Blocs. On y retrouve aussi bien des militants anarchistes que des animalistes ou encore des communistes. Cette diversité s’explique par le mode de formation du Black Bloc. En effet, ce dernier est une agrégation de différents groupes d’affinités plus ou moins importants qui peuvent compter quelques individus ou bien plusieurs dizaines de personnes et qui se retrouvent autour d’un même mode d’action. Si lors de certains gros événements ces différents groupes se rencontrent avant afin de s’organiser, c’est rarement le cas.

Tous des casseurs ?

Si la constitution d’un Black Bloc permet notamment l’action directe, la présence d’un Black Bloc lors d’une manifestation n’est pas forcément annonciatrice d’un déferlement de violence. Chaque groupe composant le Black Bloc décide en amont de son mode d’action lors de réunion non-hiérarchique. Ainsi, si certains groupes vont décider de mener des actions offensives, d’autres vont décider au contraire de constituer des groupes afin de défendre les autres manifestants de la police ou bien encore vont former des groupes d’infirmiers. Le Black Bloc n’est pas toujours violent, il existe en son sein un véritable respect de la diversité des tactiques. Ce qui fait l’unité dans le Black Bloc c’est la solidarité. Même s’ils ne participent pas aux actions violentes, les militants pacifistes composant le Black Bloc, du fait du code vestimentaire, rendent plus difficile l’identification des auteurs de ces actes.

Pourquoi utiliser la violence ?

Si a première vue la violence du Black Bloc peut plus ressembler à un exutoire, elle est en réalité l’expression d’un message politique. Ces militants utilisent l’action direct contre le capitalisme et contre l’Etat libéral qu’ils jugent illégitime. Les cibles de ces manifestants ne sont donc pas prises au hasard. Ils attaquent des symboles du capitalisme comme les banques, les agences d’assurance. Ils s’en prennent également au force de l’ordre qui, selon eux, protègent ces institutions et sont en plus les symboles de la violence illégitime de l’Etat. Ainsi, à côté du Mc Donald détruit à Paris lors du 1er Mai on a retrouvé des tags de groupes animalistes. Loin d’être une sorte d’expression primaire d’une certaine colère, cette violence est au contraire pensée.

Julien Troussicot

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