7 raisons d’écouter… « Revival », le nouvel album d’Eminem

L’attente commençait à être longue. Quatre ans après la sortie de The Marshall Mathers LP2, les fans s’impatientaient du retour d’Eminem. Connu pour ses textes engagés, le rappeur américain revient dans le monde de la musique avec un album aux sonorités pop-rock, marqué par de multiples collaborations ainsi que des textes introspectifs et travaillés. Malgré les avis mitigés des fans, ce nouvel opus ne manque pas de surprises.

Voici 7 raisons d’écouter « Revival », l’album de la maturité ?

1- Pour le retour tant attendu d’Eminem

L’annonce de l’album a fait l’effet d’une bombe dans le milieu du rap. Cadeau de Noël en avance, le rappeur revient en grande pompe pour le plus grand bonheur des fans. Revival marque le point final d’une trilogie de résurrection commencée par Relapse, sorti en 2009, et suivie de Recovery en 2010. C’est avec des textes introspectifs, nostalgiques, profonds et engagés, sublimés par sa plume, qu’Eminem, du haut de ses 45 ans, ravive la flamme du rap américain.

2- Pour les textes engagés

Comme le rappeur nous y avait habitué, et comme il l’a récemment montré lors de freestyles déchaînés contre Donald Trump, autant dire que les textes d’Eminem n’ont pas changé et sont toujours aussi cinglants. Dans cet album, le rappeur cible l’Amérique de Trump et s’engage politiquement et publiquement, s’attaquant sans détour et sans filtre au président américain ainsi qu’aux suprémacistes blancs. Prenant la position de ces suprémacistes pour mieux les dénoncer dans « Untouchable », Eminem annonce le ton dès les premières lignes : 

Black boy, black boy, we ain’t gonna lie to you
Black boy, black boy, we don’t like the sight of you

Continuant sur ces mots plus loin :

Seems like the average lifespan of a white man
Is more than twice than a black life span
I wonder sometimes if it has a price scanner
I feel like checking out on life, can’t escape this circumstance

3- Car les featurings donnent un ton sans précédent à l’album

C’est une première pour le chanteur, l’album contient 8 featurings sur les 19 chansons présentes, dont une seule avec un rappeur. Eminem s’est entouré de grands noms pour ces collaborations, rassemblant Ed Sheeran, Kehlani, Pink, X Ambassadors, Beyoncé, Alicia Keys, Skylar Grey et PHRESHER. C’est avec « Walk On Water », morceau sur lequel Beyoncé a posé sa voix, que le rappeur a lancé le premier single, premier titre également de l’album. Alors que ce sont des retrouvailles avec Skylar Grey, c’est encore plus vrai avec Pink, marquant la quatrième collaboration des deux chanteurs, puisqu’Eminem avait était invité sur « Revenge », deuxième titre du dernier album de la chanteuse, et que les deux chanteurs avaient déjà collaboré par le passé. A l’inverse, on a le plaisir de découvrir de nouveaux duos ; et c’est sur « Like Home », que les voix d’Eminem et d’Alicia Keys s’unissent pour clamer leur rêve d’une nouvelle Amérique, transformant le titre en pamphlet anti-trump :

All he does is watch Fox News like a parrot and repeats
While he looks like a canary with a beak
Why you think he banned transgenders from the military with a tweet?
He’s tryin’ to divide us

4- Parce que l’album aborde le virage pop

En déplaise aux fans de la première heure qui regrettent Slim Shady et ses précédents opus, il semble que celui-ci ait décidé de signer un album pop-rock. Les multiples collaborations en témoignent, à 45 ans, Eminem n’a pas fini de se renouveler musicalement. Le premier single, « Walk On Water » en collaboration avec Beyoncé, annonçait la voie choisie par le rappeur. Volonté de toucher un public plus large ou renaissance musicale, le mélange des univers est loin d’être détestable et fonctionne même plutôt bien. « River », sur lequel on retrouve le très en vogue Ed Sheeran, qui a confirmé son assise dans le milieu de la pop grâce à son dernier album Divide, est un titre où la guitare, le piano et la voix du chanteur se mêlent parfaitement au rap de l’Américain. Le virage pop abordé par l’album divisant les fans, le dernier opus du rappeur ne doit pas être comparé aux anciens albums, mais il doit plutôt être considéré pour ce qu’il est, c’est-à-dire un album pop-rock qui s’inscrit dans son temps. Eminem nous offre 19 pistes parmi lesquelles chacun peut se retrouver et apprécier le travail du chanteur.

5- Pour les samples, marquant le retour aux sources nécessaire à la renaissance ?

Quoi de mieux que de s’inspirer de ses prédécesseurs pour offrir un nouvel album oscillant entre nouveauté et excursions dans le passé ? C’est principalement avec « Remind Me », reprise du tube de Joan Jett & The Blackhearts, « I Love Rock’n’Roll », ainsi qu’avec « In Your Head », sample de« Zombie » des Cranberries, que l’album promet de donner une deuxième vie à des hits plus anciens mais non démodés.

6- Car l’album garde un côté rock, nourri par le flow du rappeur

A la différence des ses précédents disques, le flow d’Eminem est plus lent, marquant une rupture assumée avec le Rap God auto-proclamé de 2013. Après 20 ans de carrière, Marshall Mathers, de son vrai nom, se revendique être un humain comme tout le monde, et un rappeur parmi d’autres. Cela ne l’empêche pas de rythmer ses morceaux d’une instru’ pop-rock, qu’il avait déjà utilisée dans des titres comme « Lose Yourself » ou « Stan ». Conscient du tournant pris avec Revival, le rappeur assume ses choix musicaux, rappelant d’où il vient, et apostrophant son public, lui demandant s’il croit toujours en lui dans « Belive ». La confiance d’Eminem en son flow, prend une nouvelle forme dans « Chloraseptic » où il critique les nouveaux rappeurs, comme l’avait déjà fait Snoop Dogg*, et leur rap similaire à des marmonnements, basé sur un « triplet flow », comme le pratiquent Migos et Future.

7- Pour Eminem, tout simplement

Parce que même si on n’aime pas le rap américain, ni la direction pop de l’album, le rappeur confirme une fois de plus son incontestable plume, et nous offre, n’ayons pas peur de le dire, un véritable chef d’œuvre stylistique. Pour les plus réticents, un album qui peut donc s’écouter comme un livre audio, les vers cinglants en plus.

* https://www.youtube.com/watch?v=g0OdmRtuQew

Anaïs Marie

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