Festival Bebop. Naâman : « La spiritualité, ça occupe »

Naâman, l’artiste reggae du moment, était de passage au Mans à l’occasion du Festival Bebop 2017 où sa prestation solaire n’est pas passée inaperçue. Nous avons eu l’honneur de le rencontrer en amont afin de discuter de son dernier album « Beyond », de son ascension fulgurante et de la philosophie qu’il applique au quotidien. Une véritable leçon de vie.

Le Halo Magazine : Tout d’abord, la question traditionnelle, Naâman qui es-tu ?

Naâman : Je fais de la musique reggae principalement, qui se mélange avec des influences hip-hop, de la soul et des sonorités rencontrées lors de mes voyages. Un rendu plutôt moderne donc, à distinguer du « roots » plus traditionnel.

L.H.M. : Tu voyages beaucoup c’est vrai, quels pays as-tu visité lors de la conception de « Beyond » ton dernier album ?

Naâman : Récemment je suis parti en Inde, en Grèce, dans l’Himalaya et en Jamaïque.

L.H.M. : Justement, c’était important de fouler les terres où tout à commencer ?

Naâman :  Peut être, je sais pas si c’est important d’y aller,  mais ça le devient une fois qu’on rencontre leur culture. Là-bas, le reggae c’est les jeunes, les plus vieux, les gens au gouvernement… C’est la musique officielle.

L.H.M. : Bob Marley, quand on veut faire du Reggae c’est la référence ?

Naâman : Bien sûr c’est le premier artiste Reggae que j’ai écouté, c’est le plus accessible aussi. A côté de ça je n’écoute plus forcément le même style de musique, mon album est une sorte d’alliage équilibré entre reggae/hip-hop/soul et de par cette logique, c’est différent de ce qu’il pouvait proposer.

L.H.M. : Tes morceaux ont démocratisé le reggae en France puisque tu rassembles un public assez hétéroclite. Comment l’expliques-tu ?

Naâman : Je pense être arrivé au bon moment, à la bonne époque. Il y a eu plusieurs phases de Reggae en France, quand j’étais jeune je pouvais en écouter à la radio. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, c’est presque un miracle quand un de mes morceaux est diffusé.

L.H.M. : C’est difficile d’être pris au sérieux lorsqu’on veut faire du reggae ? On se heurte aux ricanements des autres ?

Naâman : Tout au début, ouais, carrément ! Ce n’était pas bien vu, que ce soit au collège, au lycée ou mon père qui me faisait remarquer que c’était pas ma culture. Dans certains regards je lisais l’envie de me fouiller pour trouver un peu de weed. J’en rigolais bien sûr, aujourd’hui c’est plus pareil, les gens sont plus à l’aise.

L.H.M. : Justement, comment on outrepasse cette mauvaise vision qu’ont les gens et comment on s’émancipe ?

Naâman : Peu importe ce que les gens disent c’est pas ça qui compte. L’important c’est d’être crédible, de le faire avec le cœur et de mettre la barre toujours plus haute. Le piège c’est de se complaire dans les clichés, au contraire il faut rester soi-même à 200%.

L.H.M. : A quel moment dans ton parcours tu as senti que le public adhérait à ton message ?

Naâman : Avant le premier album, je postais mes sons sur internet et les retours étaient globalement très positifs. C’était en 2010 il me semble, avec mes potes on bossait à fond et on a donné le maximum dans un laps de temps plutôt court. J’ai arrêté les cours et 1 an et demi plus tard je commençais à vivre de la musique.

L.H.M. : Tes clips, tes albums, tes concerts marchent très bien or tu te fais pourtant discret vis-à-vis des médias. Peut-on être à la fois ermite et branché en 2017 ?

Naâman : Grâce à internet bien sûr, aujourd’hui c’est le public qui décide. Lorsqu’un talent émerge on regarde son nombre de vues sur Youtube et les festivals le programment. J’ai posté tout ce que je faisais comme sons sur le net et certains producteurs ont commencé à me contacter pour différentes dates.

L.H.M. : Parlons maintenant un peu plus de toi, l’homme est-il aussi lumineux que l’artiste ?

Naâman: Sans doute pas. Comme tout le monde j’ai vécu des moments difficiles mais je pense que si j’écris des chansons aussi positives, dans cette recherche constante du bonheur c’est que ça me fait du bien de chanter ça, de m’auto persuader.

L.H.M. : La spiritualité occupe une place importante dans ta vie ? Quelle est elle ?

Naâman : J’ai une vision de la vie basée sur ce que je dis dans mes chansons. Ma philosophie c’est qu’on peut tous faire des choses extraordinaires, si on arrête de se brider, si on arrête de se vouloir du mal. Quelque part on est responsable de notre propre souffrance. Personnellement je donne le maximum, ça veut dire tout faire pour apporter quelque chose de positif dans ce monde. M’attacher à être rayonnant au fond de moi, à me reconnecter au moment présent parce que le bonheur il est là. Être conscient que cette vie elle est magnifique et s’attacher aux choses plus simples. La respiration par exemple, plutôt qu’à une belle bagnole qui disparaîtra un jour ou l’autre.

L.H.M. : Tu y arrives ?

Naâman : Bien sûr ça s’appelle la méditation. « Je pense donc je suis » pour moi c’est une grosse connerie. Dans notre société on a peur de rien faire alors que c’est essentiel. Ça veut dire pas de téléphone, pas de livre, rien. Juste ne rien faire et observer ce qu’il se passe en toi. Se reconnecter avec chaque partie de son corps et au moment présent, lorsqu’on y arrive c’est incroyable. Il y a des choses magiques qui se passent entre deux respirations, c’est ça le bonheur c’est sur. Beaucoup de mots pour dire des choses aussi simples… la spiritualité ça occupe (sourire).

Benjamin Haran

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