Interview : après « La Délicatesse », David Foenkinos se livre sur « Jalouse », son nouveau film

Six ans après le succès de La Délicatesse, les deux frères Stéphane et David Foenkinos s’associent une seconde fois pour réaliser Jalouse, un film qui oscille entre comédie grinçante et suspense psychologique. Rassemblant notamment Karine Viard, Anne Dorval, Thibault de Montalembert ou encore Anaïs Demoustier, la comédie est centrée sur Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée qui, du jour au lendemain, passe de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage. Jalouse, sortira en salle le 8 novembre ; l’occasion pour David Foenkinos de nous parler de son film.

Le Halo Magazine : Comment vous est venue l’idée du film, Jalouse ?

David Foenkinos : Après La Délicatesse, mon frère et moi avions à nouveau envie de nous attaquer à un portrait de femme. C’était le point de départ, et très vite, nous avons pensé à ce sujet de la jalousie mère fille. Sujet relativement tabou, et peu traité. Cela nous plaisait aussi d’imaginer l’aspect comique d’un tel sujet.

L.H.M. : Pourquoi avoir choisi la jalousie comme thème principal, une jalousie maladive qui s’étend hors du cercle familial ?

D.F. : C’est vrai que très vite nous avons voulu faire en sorte que le sujet évolue vers une jalousie plus générale, qui ressemble à de l’envie. Nathalie, notre héroïne, traverse un moment complexe de sa vie et ne se supporte plus. La conclusion : elle ne supporte plus les autres. Il y a la famille, les voisins, les collèges, plus rien n’arrête son ressentiment.

L.H.M. : Comment s’est effectué le choix des acteurs, particulièrement celui de Karin Viard ?

D.F. : Le film a été écrit et pensé pour Karin, car elle a une palette extraordinaire. Elle peut être bouleversante et deux secondes après elle est un condensé de mauvaise foi. Elle a été une partenaire merveilleuse pour ce film, car son personnage fait des choses très osées, et Karin l’a assumé totalement. Elle a une grande liberté.

L.H.M. : Dara Tombroff, qui interprète le rôle de Mathilde, danseuse et fille du personnage principal, fait ses premiers pas dans le cinéma. Qu’est-ce qui vous a convaincu en elle ?

D.F. : Tout d’abord, c’était un grand challenge de la trouver ! Nous avons lancé un casting dans toute la France pendant plusieurs mois. Il fallait trouver une très belle jeune fille, danseuse classique, qui puisse ressembler à Karin et jouer la comédie ! Trois mois avant le tournage, le miracle a eu lieu. Dara qui était danseuse à l’Opéra de Bordeaux nous a envoyé une vidéo. Nous avons su immédiatement que c’était elle. Elle est la grâce incarnée.

L.H.M. : Nathalie, en pleine crise de la cinquantaine, semble promettre de jouer avec nos émotions, oscillant entre l’attachement et l’envie de la détester. Il est important pour vous de présenter un personnage dans toute sa complexité ?

D.F. : Oui, et c’était une complexité… complexe ! Car Nathalie va très loin dans le film. Mais il fallait à tout prix qu’on puisse la comprendre, et sûrement l’aimer. C’est aussi la force de Karin Viard : elle fait des horreurs dans le film, et les gens l’adorent quand même.

L.H.M. : Justement, l’antinomie de Nathalie ne peut-elle pas compliquer l’identification du spectateur au personnage ?

D.F. : Les identifications sont toujours très personnelles, et heureusement. Certains s’y retrouveront d’autres non. Mais on reçoit beaucoup de témoignages étonnants. Beaucoup de jeunes retrouvent les travers de leurs parents dans le film. Ce qui est tout de même assez inquiétant.

L.H.M. : Est-ce qu’on ne peut pas voir, dans votre film, comme un miroir de la société, où la tendance grandissante est de comparer sa vie à celle des autres, faisant naître une certaine forme de jalousie ?

D.F. : Oui vous avez raison. Il y a une compétitivité incessante de l’image. La société est aussi très violente quand on passe la cinquantaine. Ce qui nous intéressait était justement de montrer une héroïne très belle, désirée, et qui réussit dans la vie. Elle devient sa pire ennemie en quelque sorte.

L.H.M. : Vous avez déjà présenté Jalouse, en avant-première et à divers festivals, quels sont les premiers retours ?

D.F. : On a mis beaucoup de temps entre nos deux films, alors c’est forcément émouvant de le partager enfin ! On est particulièrement heureux d’entendre les gens rire beaucoup dans les salles. Et c’est intéressant de rencontrer le public après, d’échanger, et finalement chacun se met à parler de sa vie, et de son rapport aux autres !

L.H.M. : Avez-vous d’autres projets en cours, peut-être une troisième collaboration avec Stéphane, votre frère ?

D.F. : Je vais publier un roman au printemps, et oui bien sûr, on espère vite faire un nouveau film ensemble. En tout cas, ne pas attendre six ans ! Mais pour cela, il faut trouver une bonne idée.

Propos recueillis par Anaïs Marie

Anaïs Marie

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