NKP, Susanoô, Yuma : la relève, c’est eux

Lors du Forum Jeunes 2017 qui s’est déroulé il y a un mois au Mans (VIDÉO. ÉDITION SPÉCIALE. Forum Jeunes du Mans 2017), l’opportunité était trop belle de rencontrer trois fleurons de la scène urbaine locale ; Nicolas, Clovis et Yuma. Par l’intermédiaire de La Couveuse, ils découvrent chaque jour un peu plus l’endroit et l’envers de la profession, ses transcendances et ses désillusions. Ces artistes aux personnalités bien trempées ont accepté de répondre sans concession à nos questions, l’occasion pour eux d’évoquer un milieu musical en pleine mutation.

Le Halo Magazine : Tout d’abord, parlez-nous de vous ? Qui êtes-vous et quels sont vos univers ?

NKP : J’ai 19 ans et mon truc à moi c’est le rap. J’essaie de m’inspirer de ce que j’observe, ce que j’entends et comprends de la vie de tous les jours.

Susanoô : Pour ma part, j’aime autant la variété que le hip-hop. Je compose en français la plupart du temps et m’éclate plus largement dans l’écriture.

Yuma : Au tout début, je faisais seulement de la guitare et ne chantais pratiquement pas. Finalement cela fait 1 an que je m’entraîne et j’aime bien toucher à tous les styles musicaux. J’écoute des sons à droite à gauche et me les réapproprie à ma façon.

L.H.M. : Justement, c’est difficile d’innover lorsque l’on commence sa carrière

[Susanoô s’absente momentanément pour une prestation]

NKP et Yuma : Au contraire, on arrive avec de nouvelles idées, des concepts inédits. Cependant il faut rester honnête, l’inspiration ne vient pas toujours seule. C’est pourquoi nous piochons des références ici et là, qu’il faut par la suite trier et mélanger pour obtenir un résultat original.

L.H.M. : Nicolas, le morceau éponyme de votre premier E.P « l’averse et l’orage » aborde une thématique plus sombre que les autres. Quelle est l’histoire de ce texte ?

NKP : Cette chanson est très particulière pour moi puisque je l’ai écrite d’une traite la nuit où j’ai appris le décès de mon père. L’écriture a été un exutoire pour moi, les larmes abondaient autant que les mots sur mon cahier. C’est un déclic pour moi car j’écris ce qu’il me plaît depuis ce jour, il faut que je sois fier de ce que je raconte.

L.H.M. : Yuma, à l’inverse les thématiques que tu affectionnes ont tendance à demeurer plus solaire. Une carrière dans la musique, ça passe par quoi finalement ?

Yuma : Je pense également qu’il ne faut pas changer sa personnalité pour plaire, surtout au début. Une fois que les mélodies et les textes sont aboutis, la grande difficulté réside dans la qualité de l’enregistrement. Le matériel s’est démocratisé mais nous n’avons pas tous accès au même degré de professionnalisation. Grâce à la ville du Mans, j’aurai bientôt à disposition chez moi un véritable studio.

L.H.M. : Nous vous avons vu collaborer ensemble durant certains morceaux, la solidarité entre jeunes artistes c’est aussi l’une des clés ?

NKP : Oui tout à fait, Clovis (Susanoô) m’a accompagné sur scène pour apporter ce que je ne sais pas faire. Réciproquement, c’est important que l’on se serre les coudes et qu’on fasse preuve d’un peu plus d’entraide entre nous.

Yuma : C’est en ce sens que le studio sera ouvert à tous les artistes qui m’en feront la demande, si je peux aider des potes à finaliser des projets ce sera avec plaisir évidemment.

NKP : C’est important de garder la tête sur les épaules, de ne pas oublier d’où l’on vient. Ceux qui montent doivent entraîner les moins hauts et ainsi de suite.

L.H.M. : Vous évoquiez l’ascension, elle est encore possible aujourd’hui ?

Yuma : Bien sûr, je pense qu’il y a de la place pour tout le monde! Comme nous le disions tout à l’heure, on s’inspire toujours de ce qui a été fait à côté pour inventer quelque chose d’unique. Le public est en perpétuelle recherche de nouveautés, c’est ce qui m’amène à penser qu’on peut tous avoir un rôle à jouer.

L.H.M. : Venons-en à la question taboue, et l’argent dans tout ça ?

Yuma : Les cachets sont de moins en moins importants pour des jeunes peu expérimentés. C’est toujours possible de vivre de cette passion qui nous anime mais on sait également que la sélection est particulièrement élitiste. Il faut se donner les moyens de réussir.

NKP : Et pour revenir à ce que nous disions tout à l’heure concernant les collaborations, l’aspect financier est une barrière importante aux projets communs. Le cachet de concert n’est pas multiplié mais bel et bien divisé par le nombre de protagonistes sur scène. Nous le savons, l’argent à toujours eu tendance à séparer les gens et endiguer certains projets.

L.H.M. : Terminons cette interview sur une note bien plus positive, quels sont vos projets ultérieurs ?

[Susanoô est de retour juste à temps pour l’instant promo !]

NKP : Pour ma part, le Forum Jeunes clôture mon année artistique. Mon premier E.P « l’averse et l’orage » est toujours disponible (ici) mais il est temps pour moi de replonger dans l’écriture pour de nouvelles aventures.

Yuma : La création de mon propre studio est certainement l’échéance que j’attends le plus. Celui-ci me permettra d’améliorer la qualité globale de mes productions, je pourrai donc par la suite plancher à mon tour sur de nouvelles compositions.

Susanoô : Comme mes camarades, je continue sans cesse d’écrire et de composer de nouveaux morceaux. Je prépare également un clip qui sortira dans les prochaines semaines.

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Propos recueillis par Anna Jubault, Benjamin Haran et Manuel Lechat

Benjamin Haran

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