L’indépendance de la Catalogne, une volonté de tous les Catalans ?

Après la reconnaissance d’une nation catalane en 2006, le retrait de celle-ci en 2010, un premier référendum à titre simplement consultatif en 2014, la Catalogne s’est vue de nouveau confrontée à un second référendum ce 1er octobre dernier demandant réponse aux catalans quant à leur avenir. Cette question : « Voulez-vous que la Catalogne soit un état indépendant sous la forme d’une république ? » En effet, le 6 septembre 2017, le Parlement catalan a voté une loi prévoyant un référendum sur l’indépendance. Le Halo Magazine a rencontré Gil, un jeune catalan résidant en France pour quelques mois et retourné à Barcelone pour le référendum.

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Le Halo Magazine : Avant tout Gil, pourquoi être retourné à Barcelone ?

Gil : C’était très important pour moi d’être présent et de participer à cette mobilisation, je pense qu’il était de mon devoir d’aider à protéger la démocratie. Bien que contre l’indépendance de la Catalogne et, de fait, sa nationalisation, je trouve que l’interdiction par le gouvernement espagnol du référendum est une atteinte à la liberté d’expression. Je trouve normal et comprends le désir d’indépendance des Catalans.

L.H.M. : Justement, pourquoi les Catalans ont ce désir, cette envie ?

Gil : Tout d’abord, tous les Catalans ne veulent pas l’indépendance, seulement une partie. Ce sont les indépendantistes qui sont d’ailleurs majoritaires au Parlement catalan depuis 2015, ce qui explique le vote de la loi prévoyant un référendum sur l’indépendance. Ensuite, je pense surtout que les Catalans réclament cette indépendance comme une réponse à la centralisation du pouvoir espagnol, pour des raisons économiques (en 2016 la région comptait pour 19% du PIB espagnol) mais également culturelles. Car la culture catalane est très forte, nous avons un sentiment de nation. Pour ma part, je souhaite rester dans l’Espagne mais que le gouvernement espagnol nous reconnaisse et nous accorde plus d’autonomie.

L.H.M. : Le vote est passé, nous connaissons les résultats, qu’en penses-tu ?

Gil : Oui effectivement nous les connaissons, le « oui » l’a emporté. Il faut tout de même noter que la participation fût seulement d’environ 40% (90% « oui » et 8% «non ») car les non-indépendantistes n’ont pas tous ressenti ce besoin d’aller voter (ndlr : les votes se déroulent dans des collèges électoraux). Cependant, j’ai été très heureux à l’annonce des résultats puisque je trouve que c’est une excellente réponse à la répression.

L.H.M. : Que veux-tu dire lorsque tu parles de répression ?

Gil : Premièrement, je fais référence, comme je l’ai dit précédemment, à l’interdiction par le gouvernement espagnol du référendum, qui le qualifie d’illégal. Mais également de la présence policière qui a commis des violences sur les citoyens espagnols qui voulaient simplement voter et/ou manifester. Car même si ce référendum est pour le gouvernement illégal, je trouve que réprimer une mobilisation n’est absolument pas éthique.

L.H.M. : Suite aux résultats du référendum, le Roi a réagi, que penses-tu de son discours ?

Gil : J’ai été déçu puisque son discours n’appelle pas à la discussion, mais au contraire, il renforce la cassure entre le gouvernement espagnol et la Catalogne. Il y a aussi une chose qui m’a extrêmement déplue. Lors de son discours, le Roi avait derrière lui le portrait de Charles III, qui avait imposé la castillan (ndlr : langue dite « espagnole ») dans l’éducation, et ce, même en Catalogne.

L.H.M. : Et donc – la question que l’on peut se poser –, quel est le plan du gouvernement catalan ?

Gil : Il y a une première possibilité qui est le dialogue, même si Carles Puigdemont, le Président de la Catalogne, n’en a pas beaucoup parlé. Il y a aussi celle de la déclaration unilatérale d’indépendance afin de rendre les résultats du vote réels, puisque qu’il veut respecter la volonté des Catalans.

L.H.M. : Et toi, en tant que catalan, que penses-tu de cette déclaration unilatérale d’indépendance?

Gil : Personnellement, comme je l’ai dit, je ne souhaite pas l’indépendance de la Catalogne, mais je suis pour une République espagnole. Et cette déclaration serait irresponsable et sans légitimité étant donné le fort taux d’abstention. Elle ne me paraît pas réalisable en vue de l’article 155 de la Constitution espagnole qui permet au gouvernement de retirer l’indépendance d’une communauté espagnole si elle ne remplit pas les obligations que la Constitution impose.

L.H.M. : Au vu de ton engagement, serais-tu prêt à refaire le voyage France/Espagne pour, comme tu le dis, « aider à défendre la démocratie » ?

Gil : Oui, bien sûr, j’aimerais beaucoup ! Si j’étais à Barcelone, je participerais beaucoup plus, seulement d’aller et venir coûte cher !

Source : Gil Hortal Janer

Anna Jubault

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