PMA, entre promesses et réalité : un projet fait pour la France ?

Quelques mois après le décès du symbole de la lutte pour le droit des femmes Simone Veil, un nouveau changement majeur va marquer un tournant dans la vie des françaises. En effet, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé ce mardi 12 septembre l’ouverture de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) à toutes les femmes pour 2018 (mi-juillet, la ministre de la santé Agnès Buzyn avait déjà fait la même annonce). Qu’est-ce que cela va changer dans la vie des femmes ? Doit-on croire à cette annonce et sa bonne application ? Voilà les questions qu’il est légitime de se poser.

En ce début de mandat mouvementé, le nouveau président Emmanuel Macron s’était prononcé favorablement quant à l’ouverture de la procédure pour les femmes célibataires et aux couples lesbiens. On pourrait donc penser que cela s’inscrit dans ses promesses de campagne et dans sa lutte pour le droit des femmes, qui devait devenir une des grandes causes du quinquennat « En Marche ». Cependant, il paraît tout à fait normal de douter de son engagement pour la cause des françaises tant les promesses ne suivent pas les actes. A l’heure où la foule descend dans les rues pour manifester contre les nouvelles ordonnances de la loi travail qui prévoient, entre autres choses, de supprimer les contrats aidés (contrats de travail visant à aider l’insertion des demandeurs d’emploi les plus défavorisés), les femmes tremblent. Regardons d’abord les chiffres de l’emploi féminin pour comprendre. En France, selon le rapport « Femmes et précarité » d’Eveline Duhamel et Henri Joyeux établi en 2013, les femmes représentent 97.3% des aides à domicile et ménagères, 95% des employées de maison, 99.1% des assistantes maternelles et seulement 27.1% des cadres commerciaux. En terme général, les femmes sont davantage exposées au risque de pauvreté, de chômage, et ce risque se retrouve donc multiplié par ces nouveaux amendements.

Sujet à polémique, cette révision de la loi bioéthique devrait permettre à toutes les femmes d’avoir recours à une insémination artificielle ou bien à une fécondation in vitro, ce qui n’est pas le cas encore aujourd’hui en France. En effet, ces processus ne sont autorisés qu’aux couples hétérosexuels, l’âge de la femme ne devant pas excéder les quarante-deux ans. Les couples lesbiens ou les femmes célibataires devaient jusqu’alors se déplacer à l’étranger, en Belgique ou en Espagne, pour entamer ces procédures. Le comité d’éthique, dont l’avis n’est que consultatif mais qui permet tout de même de ne pas commettre d’erreurs morales ou contraires à la déontologie face aux progrès de la biologie et de la médecine, a émis un avis favorable quant à l’ouverture de la PMA à toutes les femmes.

Les premiers opposants à cette révision sont, évidemment, celles et ceux que l’on retrouve dans les défilés contre le mariage pour tous ou le droit à l’adoption pour les couples homosexuels. Pour argument, l’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, a énoncé : « Donner l’impression qu’on peut fabriquer des enfants au gré de ses désirs et les regarder pousser de loin, ce n’est quand-même pas donner une image très forte de la transmission intergénérationnelle ».

Bien que cette ouverture d’esprit apparaisse bénéfique et soit une image de progrès pour la France, nous sommes dans le droit de nous poser différentes questions : cela va-t-il être réalisable dans un sens purement matériel ? Les dons de spermes actuels vont-ils soutenir la demande qui va, logiquement, connaitre une hausse considérable ? Cette révision ne va-t-elle pas conduire à des excès ?

Tout reste à faire et à suivre…

Agathe Gouesmel

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