Rencontre avec Dominique Farrugia

Le 10 avril dernier à l’auditorium de Ouest-France au Mans, nous avons eu l’honneur de rencontrer l’homme qui est à l’origine de toutes nos farces entre copains… (à ne pas confondre avec la garniture savoureuse avec laquelle on fourre la dinde)

En effet, Dominique Farrugia est un homme complet, aux multiples casquettes. Né à Vichy en 1962 et de confession juive, on peut dire que sa vie démarre sur les chapeaux de roues. Passant de comédien reconnu dans le trio légendaire des Nuls comme dans le film cultissime La Cité de la Peur de 1994, à un rôle de réalisateur plus discret mais bougrement efficace dans des comédies telles que Bis (Franck Dubosc et Kad Merad) ou encore son dernier petit bijou Sous le même toit sortit de 19 avril (Gilles Lellouche, Louise Bourgoin, Manu Payet).C’est d’ailleurs dans l’optique de son dernier film que nous sommes allés à sa rencontre, pour discuter cinéma et actualité. Ce grand nom de la comédie française est un homme très sympathique, très simple, mais surtout vrai. Dans une ambiance cocoon, loin des projecteurs pour la promotion de son film, qui doit faire 1 million d’entrées minimum pour être rentabilisé, Dominique Farrugia a accepté de nous répondre, avec cet humour affirmé et cette déconcertante manière de presque tout dédramatiser : « Mes films marchent mieux en dehors de Paris qu’à Paris ! Je suis un mec qui plaît plus en province qu’à Paris. »Son film repose également sur cet humour décapent qu’on lui connaît bien. En effet le contexte de l’histoire est parfait, dans une société où l’argent s’immisce même dans la vie privé, Yvan (Gilles Lellouche) et Delphine (Louise Bourgoin) divorcent. Cependant, la condition financière plus que précaire du mari le pousse à revenir vivre au domicile familial, se souvenant qu’il possède très exactement 20% de la maison de son ex-femme. D’ailleurs le créateur de cette comédie drôle et gentille nous le dit sans détour :« C’est même un 90/10 ! ».Ainsi Dominique Farrugia eut cette idée de faire une comédie sur le divorce il y a 4-5 ans suite à la parution d’un article de Libération traitant de ce genre de situation financièrement compliquée qui amène à une collocation forcée… « L’écriture a mis entre 18 mois et 2 ans après 3 ans de doute et de réflexion nous confie-t-il, c’est énormément de travail, qui fatigue aussi bien physiquement que moralement, même si j’adore mon travail, ce qui est de plus en plus rare aujourd’hui… » Pour lui, ce n’est pas de visionner son film qui le satisfait le plus, il déteste ça d’ailleurs, ce qu’il préfère c’est de voir les gens rire dans la salle et pour lui c’est ce qui est le « plus gratifiant », normal ce serait vraiment de faire un bide surtout si c’est une comédie… Nous lui avons demandé comment se déroulait le choix des acteurs, « ce n’est pas si simple que ça, nous a-t-il dit, puisqu’il faut trouver des acteurs qui collent aux personnages et non l’inverse ; rien n’est jamais sûr ! Je propose et je peux me prendre des vents ça arrive ! Ensuite dès qu’ils ont accepté, je dois réécrire avec eux, pour que le costume soit à leur mesure ! » Clin d’œil évident à un certain politicien… Il présente alors Gilles Lellouche comme « un mec super qui aime beaucoup l’impro’ » qui a vite accepté de jouer dans son film. Il avait un doute cependant sur la participation de Louise Bourgoin à son aventure cinématographique… En effet la jeune femme n’avait pas fait de comédie depuis plus de 6 ans ! Mais qui ne tente rien n’a rien ! Un sms et un bon dîner plus tard, et elle accepte de jouer le rôle de Delphine dans cette gentille comédie. Quant à Manu Payet, le réalisateur le décrit comme d’un naturel drôle, ce qui facilite grandement la collaboration et le tournage… Grand amateur de musique, fan de Prince ou encore de Bruno Mars, Dominique Farrugia souhaitait une bande son bien faite, « qui reste dans la tête, j’aime voir les gens sortir de la salle de cinéma en sifflotant les musiques du film ! » Le morceau du mondialement connu groupe Coldplay à la fin du film lui tenait à cœur, et quand on aime on ne compte pas puisqu’après avoir visionné les différentes scènes où leur chanson apparaissait, le groupe a donné son accord… « Ça m’a coûté 80 000 euros ! »Rappelons aussi que le réalisateur de Bis, diagnostiqué atteint d’une sclérose en plaques depuis ses 30 ans, a conclu cette entrevue par un petit coup de gueule envers les candidats à la présidentielle de 2017 qui selon lui ne prennent pas assez en compte la condition des personnes handicapées en France, déplorant un manque d’intérêt scandaleux quant à l’accès aux lieux publics comme à Paris où il vit actuellement.

Alban Moine / Léo Ivorra

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