Rencontre avec Vlad ou le nouveau rêve d’Amérique

Vendredi 20 janvier, aux alentours de 18 heures, arrêt de tram Jacobins-Quinconces, près de mon lycée prépa. Je sors mon bloc-notes de ma sacoche en cuir et relis mon vocabulaire d’anglais, en attendant l’arrivée imminente du tramway (dont le forfait étudiant est de 25 euros par mois…). Un homme s’avance vers moi sans que je ne m’en rende compte : c’est Vlad. Je ne le connais pas, lui non plus. Mais c’est Vlad. Et il fait l’objet de cet article.

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Cela va sans dire, vous avez sans doute suivi l’actualité des derniers mois et n’avez rien loupé de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump à la Maison Blanche – qui, par ailleurs, ne l’a jamais autant été. Bah voilà, Vlad, il est ricain. Mais pas gros. Il me demande si je parle anglais ; ça tombe bien, je relis mon vocabulaire pour le DS de demain matin (oui, je bosse le samedi matin sur la base de 35 heures). Je lui réponds : « Yes, a little bit. » Rien à voir avec le fait que je sois d’origine asiatique. Il souhaite savoir si le tram que je m’apprête à prendre mène à la gare. « Yes. » Je lui dis de m’accompagner parce que c’est mon chemin, mon appartement se situant à quelques arrêts après le sien. Alors, durant le trajet, j’essaie de me mettre en confiance pour mon devoir du lendemain matin et me mets à aborder sa venue au Mans. Il m’explique qu’il rend visite à un ami et que son prochain train est à destination de Lyon, où il va rendre visite à d’autres amis. Et ainsi, nous parlons de la pluie et du beau temps, enfin plutôt du froid qui est récurrent ces jours-ci… Tu m’étonnes qu’on se les gèle ! Y a les présidentielles dans quatre mois ! Alors oui, on est frileux ! Sûr qu’aux States le climat actuel, s’il n’est pas tempéré, est bien plus chaud ! Il y pousse même des oranges, il paraît à la Maison Blanche !

Bref. Revenons à notre cher ami Vlad. Il vient de Chicago m’indique-t-il, après qu’il a attendu que je lui formule ma question tonitruante : « Where do you come from ? ». Puis là, je ne sais pas ce qu’il se passe, j’en viens à lui parler de leur nouveau président, fraîchement élu, le teint frais lui aussi et la tête pleine de bonnes idées. Il me dit : « Trump ? I don’t care. Obama, Clinton, Trump ? I don’t care. » Bon, vous l’aurez compris, il s’en fout. J’ai pensé un court instant, naïvement peut-être, que l’homme m’éclairerait davantage sur sa vision de la politique intérieure des États-Unis. Peut-être aurait-il pu me renseigner sur ce qu’un citoyen américain percevait de cette élection et de la démocratie qui est la leur, sinon partager avec moi son point de vue interne aux conditions humaine et sociale correspondant à la situation américaine d’aujourd’hui.

Alors, j’ai réalisé que tout ceci n’était qu’un rêve, qu’une illusion, le fruit de mon imagination et nullement la réalité. Que suis-je bête ! Comment ai-je pu penser que 320 millions d’habitants allaient – ou plutôt en viendraient – à élire cette pourriture qu’est Trump ? Un crétin ploutocrate et sénile, une peau de bête empaillée sur la tête et le teint d’une Toi et Moi ? Oui, j’ai cru un moment que le rêve américain avait trouvé refuge en France.

Puis, à l’arrêt Gares, mon songe prend fin et notre brave citoyen ricain s’en va pour Lyon. C’est con, je l’aimais bien Vlad, pourtant…

Victor Penin

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